Que de poissons dans « la Main de Dieu »

Article : Que de poissons dans « la Main de Dieu »
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15 mars 2015

Que de poissons dans « la Main de Dieu »

Chères lectrices, chers lecteurs je vous passe le bonjour, espérant que vous allez bien et que ce billet vient vous trouver au bon moment. Aujourd’hui je viens avec l’envie sans cesse grandissante de vous raconter des histoires de plus en plus belles.

Pour cette fois il s’agit des éléments rassemblés lors de ma visite à la ferme piscicole « La Main de Dieu », dans la localité de Kovié à environ trente minutes de route de la ville de Lomé.

Situé à environ vingt-cinq kilomètres au Nord de Lomé, au Togo Kovié c’est aussi une histoire de culture de riz. Sur laquelle je reviendrai éventuellement dans un autre billet. Aujourd’hui nous allons raconter une histoire de poisson, de passion, presque une dévotion religieuse. Bien. Je vous conseille de bien vous accrochez, nous partons en voyage.

Ce matin là mon ami Aké Amazan m’attendait impatient. Il devrait m’amener chez son oncle qui allait nous conduire à « la Main de Dieu ». De fil en aiguille « son oncle » devint très vite « notre oncle ». L’homme était d’une taille un peu au-dessus de la moyenne, et d’une candeur impressionnante. Une première impression sur l’oncle Céphas. Cet ingénieur génie civil a embarqué il y a quelques années dans un projet de terre stabilisée au Gabon, où il a découvert une passion : la pisciculture.

 Oncle_David

Pendant son séjour au pays des Bongo, il passa une partie de sa vie dans un séminaire. Là il accompagnait les séminaristes chaque matin dans une brousse pour donner de la nourriture aux poissons, dans un étang piscicole. Un peu comme une dévotion matinale en effet. L’appétit vient en mangeant dit-on souvent n’est-ce pas ? Il y a donc pris un goût presque religieux à la chose.

C’est ainsi que rentré à Lomé, il décide de faire de la pisciculture. Sans tarder l’oncle Céphas a lancé un appel pour acheter un terrain, en effet un bas-fond pour implanter sa nouvelle activité. Hélas, quand il a commencé à creuser les étangs piscicoles, quelle ne fût pas sa surprise ? Il se retrouve plutôt en face de gravier, de même qu’une carrière de sable, au lieu de la nappe phréatique qu’il espérait atteindre sans trop creuser. Mais là encore c’est une véritable aubaine pour lui. Il les exploita d’abord pour la construction des locaux du site.

Selon l’oncle Céphas, la construction du site peut être résumée en cinq (5) étapes ultimes. Il s’était agi dans un premier temps de creuser les étangs et les ensemencer (actuellement 500m² de surface d’eau). La seconde était et reste toujours celui de l’apprentissage. « Je n’avais pas de formation dans la pisciculture. Je suis donc allé apprendre sur Internet. Là-bas j’ai appris sur les paramètres de l’eau, l’influence du soleil, la pluie et l’environnement» confia-t-il.

De gauche vers la droite : Aké Amazan, l'oncle David, moi et la fille de David
De gauche vers la droite : Aké Amazan, l’oncle Céphas, moi et la fille de Céphas

Pour moi cette affirmation de « notre oncle » n’a fait que confirmer quelque chose que j’ai souvent l’habitude dire à mes amis : les jeunes peuvent retourner à la terre tout en restant connecter à Internet. Je n’ai aucun doute que mon affirmation peut faire bientôt objet d’une conférence sur l’agriculture, les Tics et la jeunesse. Ah oui. Bon. Revenons ici, à nos moutons. La troisième étape dans le processus de construction de la ferme piscicole la Main de Dieu a été le renforcement des structures, les étangs étant sujets à détérioration avec les vagues d’eau, les agents atmosphériques (le vent, la pluie, etc.). Nous avions sécurité ensuite les lieux me disait l’oncle, car les gens essaient de voler les poissons. Pour lui c’est une étape coûteuse en temps, en argent, en réflexion. Enfin il faut assurer la survie des poissons en améliorant leur nourriture.

Hélas cette aventure ne s’est pas faite sans (d’autres) entrave. Le plus complexe et surprenante est la commercialisation, le marketing autour de l’initiative « La Main de Dieu ». « Quand on cultive on ne pense pas qu’après les récoltes on peut ne pas vendre, et c’est une véritable surprise car si vous n’avez pas le courage, vous abandonnez juste. Cependant il faut persévérer ».

L’oncle Céphas a une vision claire de son projet. « Nous voulons nous implanter et se faire une marque ». C’est pourquoi il veut faire la différence en produisant du bio. « Nos meilleurs consommateurs sont les pharmacies, le corps médical, le corps ecclésiastique et des étrangers qui viennent ici au Togo. Pour ce faire une fois encore Céphas est allé sur Internet pour cibler son public. « Là celui qui connaît le bio, le naturel se dégage ».

Oncle David
Oncle Céphas

La ferme « La Main de Dieu se veut également un projet social. « Nous demandons aux gens sensibles aux bio de nous approcher / d’apporter leur soutien en tout genre. » De son côté Céphas croit fermement à l’auto emploi sur la chaîne. Cet ingénieur génie civil travaille activement avec une équipe dynamique d’une dizaine de personnes entièrement impliquées dans la vie de « La Main de Dieu ».

Même si « La Main de Dieu » n’a pas reçu de soutien externe, ce projet piscicole émergeant est apprécié et agréé par le ministère en charge de l’agriculture et de l’élevage. Ceci se traduit par une assistance technique et des conseils sur tout ce qu’il faut savoir. Pour Céphas en Afrique notre identité c’est dans le bio et c’est en cela que nous pouvons être compétitives.

« Nos portes sont grandement ouvertes, nous recevons fréquemment des visites entre autres des écoles d’agronomie des universités de Lomé et de Kara, Infa de Tové, l’Ecole Supérieure des Techniciens Biologiques et Alimentaires (ESTBA). »

La perspective consiste à faire de ferme un site touristique où des familles peuvent passer des week-ends, pêcher et permettre aux enfants de découvrir les poissons. Céphas se veut poétique, pour lui l’idée consiste à amener les gens à se sentir dans le naturel, écouter la mélodie des oiseaux, le chant de l’eau. C’est d’ailleurs pourquoi il aménage actuellement un espace aéré sous les arbres et les palmiers sur le site, situé juste à trente minutes de route de la ville de Lomé. Aux curieux, prenez la route et allez découvrir « La Main de Dieu ». Peut-être qu’on se verra là-bas. Sinon ici pour mon prochain billet.

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