2 juillet 2014

Quel avenir pour l’agriculture ?

Le secteur de l’agriculture connait ces dernières années des innovations politiques ou technologiques. Paradoxalement c’est aussi l’un des domaines où les politiques et stratégies mises en place sont du ressort des personnes qui n’en sont pas des acteurs directs.

L’agriculture est porteuse de l’avenir des nations. Plusieurs entreprises et sociétés et parfois même les gouvernements s’imposent sur le marché aux dépens des paysans. Je veux parler de la paupérisation des acteurs directs de l’agriculture que sont les paysans.

Par exemple le Mouvement des Sans Terre du Brésil mentionne que « trois (3) entreprises ont le monopole de 53 % du marché mondial de semences, six (6) compagnies de pesticides dominent les 76 % du secteur et dix (10) corporations se partagent les 41 % du marché des fertilisants ». Cet état des lieux rencontre la désapprobation de plus d’une personne. Pour preuve, Kathy Jo Wetter du Groupe ETC déclare : « La concentration du pouvoir des corporations et la privatisation de la recherche doivent être discutées comme des thèmes centraux dans la recherche de solutions au problème de qui a nous alimenter. »

Selon Mouvement des Sans Terre, le Groupe ETC lance l’alarme sur le fait que le cartel des semences impulse la privatisation des semences à travers la  » protection plus sévère de la propriété intellectuelle  » et le découragement des pratiques les plus anciennes de l’agriculture, à savoir : la conservation des meilleures semences d’une récolte pour les utiliser plus tard lors des prochaines semailles. Considérez le fait suivant. Le cadre légal impulsé par les entreprises de l’agro-alimentaire et les gouvernements s’appelle UPOV 91 (Union Internationale pour la Protection des Licences Végétales). Elle interdit l’échange de variétés entre paysans.

Or dans plusieurs pays de l’Afrique au sud du Sahara, ces pratiques sont courantes. L’avantage c’est que les paysans n’ont nul besoin de dépenser de leur argent pour acheter les semences pour la prochaine saison. Au contraire, ils font un tri des meilleurs produits de la récolte, qu’ils conservent par la procédure naturelle et simple du séchage. La corde de discorde c’est que ce geste simple et avantageux pour les paysans produit l’effet contraire pour les entreprises de semences. Aussi n’ont-elles pas encore gagnées assez de terrain ici dans nos pays.

Pourtant si l’Afrique ne fait pas attention à ces faits qui sont déjà insupportables pour beaucoup de personnes en Occident, l’avenir de l’agriculture et de l’agriculteur africain est compromis. Il urge d’encourager les paysans à continuer leur activité à travers un système averti de gestion des savoirs, des connaissances et des pratiques. Sans doute ceci contribuerait à l’émergence et à la consolidation de la chaîne de valeurs agricoles. Le développement doit aussi passer par la conservation et la pérennité des anciennes pratiques. Ne l’oublions pas.

Les États doivent aussi de leur côté faire attention à l’implémentation des politiques agricoles étrangères sans vraiment tenir compte des réalités locales. Malheureusement ce sont les gouvernements eux-mêmes qui encouragent et introduisent ces genres de pratiques réfléchies sous d’autres cieux, et qui ne sont pas tout simplement compatibles avec les réalités socioculturelles et ou culturelles de nos pays. Attention donc à l’Afrique. Le rapport du Groupe ETC souligne que les grandes compagnies du genre de la UPOV 91 ont déjà acheté la majeure partie des entreprises qu’elles pouvaient acquérir dans leurs pays d’origine et que la nouvelle stratégie est d’acquérir et d’établir des alliances avec des compagnies d’Inde, d’Afrique et d’Amérique Latine.

 » Il est temps de dépoussiérer les régulations nationales sur la concurrence et de commencer à considérer des mesures internationales pour défendre la sécurité alimentaire du monde  » martèle le Groupe ETC. Par ailleurs il affirme que pour les aliments et l’agriculture, le niveau de concentration de quatre compagnies ne peut excéder 25 % du marché et une seule entreprise ne peut en occuper plus de 10 %. Le rapport propose d’interdire à toute entreprise la vente de semences dont la productivité dépend des produits agro-chimiques de la même entreprise. ETC recommande aux gouvernements de protéger les petits producteurs et les consommateurs.

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Commentaires

vita
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C’est bien dommage qu’il n’y ait pas suffisamment de mesures pour protéger les paysans cultivateurs. Vous avez raison, dans certains cas, ce sont des gouvernements qui encouragent des pratiques qui ne sont pas en faveur du paysan.

Richard Folly
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Bien sûr que oui. Un appel solennel aux gouvernants donc ! La place du paysan dans la société moderne doit être reconsidérée. Présidents ou balayeurs de rue, nous vivons du fruit de sa sueur. Si nous voulons une sécurité alimentaire durable, il faut les faire émerger plutôt que de les enfoncer.